



Manhattan - Marsa - Marseille
(Text in French)
Troi ports d" attaches, trois étapes dont vient témoigner cette exposition de Maria Dubin. De grandes toiles hissées sous nos yeux qui s'enflent d'une invitation au voyage, donnent à retrouver, dans les formes et le ignes ici inscrits, les traces des territoires traversés par cette insatiable voyageuse. Différentes cultures, diverses influences qui coïncident les unes avec les autres pour donner naissance à l' univers finalement singulier de Maria Dubin. Une æuvre ainsi placée sous le double signe du mouvement et de la correspondance, tant dans sa genèse que dans sa conception et son accomplissement. Une mobilité permanente fixée par les gestes, dont on peut facilement mesurer l'amplitude, sur la toile. C'est l'æil attisé par la vivacité des couleurs qui ensuite ravivera le mouvement, obligé lui même à une circulation continue sur et vis à vis 'de l 'espace figuré. D' abord, le regard affleurera la surface du tableau. se posera sur ces bateaux dont la forme renvoie autant à celle du drakkar qu' aux embarcations pheéniciennes, sur ces dragons pas bien méchants venant se coltiner avec la lance de St Georges, sur ces Madones new-yorkaises, inspirées par les icônes de l' église Alexander Netski de Sofia, ou ces <Oeufs de Minuit>> pêchés quelque part au large de la Méditerranée. Autant de figures et de mythes revus à l'aune d'un meme prisme, faisant rejaillir sur la toile leurs éclats multicolores, leurs facettes composites. Puis, presque imperceptiblement, de la profondeur du tableau, à l'ombre d'un détail, l'æil rapportera dans ses filets une parcelle obscure dissimulée sous la course du pinceau. Comme si la luminosité et l'humour apparent n'étaient que les simulacres d'un sentiment qui refuse de dire son nom, inscrit dans le fondement meme de l'æuvre. Peut-être est-ce la le revers de la liberté, la part qui se cultive dans la solitude du geste, et qui vient s'immiscer après que l'on ait effleuré ce mystère d'un cil. L'ensemble du tableau revêt ainsi une nouvelle forme, appelle un nouveau regard. Alors, c'est Maria Dubin que l'on deécouvre là, embusquée. Et l'æuvre de se reconstruire à nouveau, plus complexe, donnant autre chose à voir, enrichie de métissages glanés au gré de ses errances.
Boris SAGIT
Novembre 2001