Tunisia

 

L' Ame du Diamant

Par Hechmi Ghachem BEY

(Text in French)

Il me faudra - sûrement - parler de Maria Dubin et de sa peinture . Mais pourquoi dois je parler de Maria Dubin et de sa peinture ? Maria ou sa peinture ne pounaient­ elles pas parler pour elles-memes ? Pourquoi suis-je impliqué ?
Tout a ete fait et defåit depuis la Nuit des temps. Toutes les formes ont eté conçues, châtrées, découpées, avalisées, facturées, idolâtrées et puis ... oubliées. Toutes les formes et toutes les couleurs. Tout a commence au temps ou la peinture était une belle et jeune écervelée qui voulait avec tous les charmes, dont elle était dotée, séduire l'Univers pour l'emporter.
Que:d'éclat !
Que de Musique !
Quels fabuleux déhanchements !
«Regardez ... Je suis le printemps !» dit-elle . Mais le printemps - à son tour - est passé. Ne subsistent que quelques fleurs ou quelques animaux bizarres éparpillés par­ci, pour-là dans les cités et les montagnes du Monde. La peinture est partie à leur recherche. Elle fait partie à la recherche d'elle-même, de son propre printemps. Pour le recomposer.

Mais le printemps a fini par déserter les cites et les montagnes pour s' enfouir au fin fond des mers. Il fallait - done - a la peinture apprendre a naviguer. Il lui fallut s'aven­turer dans le bleu du bleu. Elle decouvrit, alors ; que le bleu du bleu de la er rejoi­gnait celui du ciel, celui du firmament et elle s'egara - emerveillee - parmi toutes ces creatures fantasmagoriques, ces nouveaux seigrieurs du nouveau printemps : hyppo campe ivre d'amour, dragons ruses et souriants, elephant aile, poulpe glace - eme­raude, dauphins bohemiens et autres requins princiers.
Il fallait bien une Arche pour transbahuter toute cette jungle des profondeurs. Alors­ digne descendante de Noe le Patriarche - elle s'attela avec ferveur et courage a sa construction . Quand l' Arche fut achevee, elle la baptisa «Le Bateau-Espoir». Que joli nom pour une croisiere ! Et puis, il lui fallut inventer des tours pour tous ces sal­timbanques, leur trouver des jeux. Le jeu veritable est-il dans l'Image perue, dans cette absence trompeuse de mouvement ?
Non!
Le printemps a été réinventé quelque part à la pointe de l'Ifrikya. Aprés avoir par­couru le ciel, la terre, le desert et l'Océan, le Bateau-Espoir y jeta l'ancre pour une escale. Le jeu que Maria nous propose consiste a partir á la recherche de cette quin­tescence de l' essence que certains voyageurs intemporels nomment «l' Ame du Diamant». Un jeu des plus dangereux ! Je n'ai rien d'autre à dire de la peinture de Maria Dubin, la seule chose que je pourrais, peut-être, rajouter, c'est la peur qu'elle m'inspire.

Cette peinture est inssaisissable . Elle est constamment en mouvement et n' est - par ce fait - jamais la même. Chaque instant, chaque rencontre avec L'Image donne nais­sance à une nouvelle image. Ce que l' ceil peroit est éphémère. Quelque chose se cache derriere toute cette Parade. Quelque chose d'impalpable, qui frise le néant et qui malgré cela ( ou bien à cause de) insuffle la vie, l' action à toute cette faune et flore du Bateau-Espoir.

Tout ce que vous verrez encadré, ici, est un leurre ... leurre pour tromper l' ennemi, ce grand ennemi imperturbable qu'on appelle le temps. Toutes ces créatures, ces espaces n' existent que par amour des êtres, de l'Univers et de la vie. Mais tout le monde le sait: «La vraie vie est absente». Alors embarquez-vous. Partez à sa recherche. Partez à la recherche de «l' Ame du Diamant». Vous avez peur? Je vous comprends. Tout ce que 1' ceil perçoit est éphémère mais tout ce que la peur nous inculque, imprime ses formes, ses couleurs et sa musique dans nos moindres cellules.

N'ayez crainte. Embarquez-vous ! «Le C'ap'tain Dubin» vous invite à traverser le Mur de la plus haute oppression. Le mur du grand silence.